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Guerre de 1870-1871 Morts du canton de Bourbon-Lancy
Guerre de 1870-1871 Morts du canton de Bourbon-Lancy
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Guerre de 1870-1871 Morts du canton de Bourbon-Lancy
L'auteur

http://www.alainboussuge.com/
Investigateur du parcours militaire des hommes durant les conflits : 1870-1871, 14-18, 39-45.

Historien par passion.
Les hommes de ma famille ont été mobilisés en 1870, 1914, 1939.
Où ont-ils combattu ? Qu’on-t-il enduré ? Ils sont revenus vivants, mais pas toujours indemnes.
Mon père, ACPG, acpgkrgef3945.canalblog.com
Un oncle, FFL, 2°DB, epagliffl.canalblog.com
Les victimes de guerre sont anonymes sur les monuments aux morts, elles revivent, pour peu que l’on s’intéresse à elles.
Bourbon-Lancy, en Saône et Loire, 2 monuments aux morts, 3 sites d’identification des morts
morts3945bl.canalblog.com – resistantsbl.canalblog.com 1870mortsdebourbonlancy.canalblog.com
Un livre, Le canton de Bourbon-Lancy dans la guerre de 1870-1871

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16 janvier 2021

Eugène Alexandre Fornel, ancien commandant des gardes nationaux mobilisés de l'arrondissement de Charolles

Né le 2 novembre 1831 à Louhans – décédé le 1° novembre 1913 à Bourbon-Lancy.
Fils d’Auguste Fornel, maréchal des logis de la gendarmerie et Marie Julie Régnier

HPIM4451

Il embrasse la carrière des armes. Il s’engage le 29 janvier 1849 au 2ème régiment de Hussards. Nommé brigadier le 6 avril 1850, il entre à l’école de cavalerie de Saumur en qualité d’élève instructeur. Il en sort avec le numéro de mérite de 18 sur 92. Il réintègre son régiment. Il y gravit tous les grades de sous-officier entre 1852 et 1859. Napoléon III engage l’armée française pour aider le royaume de Piémont- Sardaigne à chasser les Autrichiens d’Italie du Nord. Il est adjudant lorsque son régiment part de Vesoul pour l’Italie le 1er mai 1859.
Le régiment fait partie de la division de cavalerie du 3° corps d’armée commandé par le maréchal Canrobert. Ses escadrons effectuent des missions d’avant-garde pour les autres divisions. Le 24 juin, le régiment est mis à la disposition du 4ème corps d’armée du général Niel qui a pour objectif la prise du village de Guidizzolo dans la plaine de Médole. Les principaux combats se situent autour de la ferme de Casa-Nuova. C’est certainement au cours d’une charge de cavalerie qu’Eugène Alexandre Fornel est sérieusement blessé.
« A reçu le 24 juin 1859 à la bataille de Solférino (Italie) trois blessures, savoir : un coup de feu à la cuisse droite, un coup de fusil sur la tempe droite et une contusion au pied droit, suite d’une balle morte. »

Extrait de l’historique du 2ème régiment de Hussards, 29 juin 1859, bataille de Solférino
A 2 heures le Général de Clérembault annonce au colonel L’Huillier qu’il reçoit l’ordre d’aller avec le 2ème Hussards soutenu par une partie du 7ème, débusquer l’ennemi des bois qui entourent la maison appelée Casa Nuova et dans lesquels il se défend depuis plusieurs heures avec avantage contre la Division Vinoy.
Le Colonel fait prendre la direction sur la Casa Nuova et un quart d’heure après le régiment ( 4ème, 5ème, 6ème , escadrons ) s’engage dans un pays couvert de muriers et coupé de fossés larges et profonds, il rejoint bientôt sous une grêle de balles, qui lui fait éprouver quelques pertes, l’endroit où se trouve le Général de la Charrière, commandant une brigade de la Division Vinoy, fortement engagé avec l’ennemi auquel des renforts incessants de troupes fraîches donne une résistance inaccoutumée. 
A 2 heures ½ l’infanterie se trouvant pressée de trop près et joignant qu’il n’y avait pas un instant à perdre malgré les désavantages et les obstacles que présente le terrain, le Colonel L’Huillier lance le 6ème Escadron en fourrageurs, il s’engage lui-même presqu’aussitôt avec le 5ème Escadron sur la droite du 6ème en donnant l’ordre au Chef d’escadron Féline de le soutenir avec le 4ème Escadron qui est bientôt lui-même engagé tout entier.
Le Régiment tourne les Autrichiens embusqués derrière les arbres, le long des fossés, dans les maïs ; il en sabre un bon nombre, les repousse vigoureusement et permet à l’infanterie de reprendre l’offensive.
Le Colonel fait sonner le ralliement qui s’effectue derrière et à la droite du 7ème Hussards formé en colonne serrée.
Les résultats de l’appel fait sur le terrain constate que dans cette courte et vigoureuse charge , le régiment a laissé sur le terrain 9 hommes tués dont le Maréchal des Logis Rigal du 6ème Escadron.
Le nombre des blessés s’élève à 30 parmi lesquels 3 officiers

Il manquait aussi 33 chevaux dont une partie presque tous blessés nous rejoint dans la soirée.

Le 8 juillet il passe dans le corps des officiers en étant nommé sous-lieutenant.
Il est affecté au 7ème régiment de Hussards. Il est en garnison à Moulins, Castres, Béziers, Lyon et Valenciennes. Il reçoit la médaille commémorative de la campagne d’Italie de 1859. Il est fait chevalier de l’ordre impérial de la Légion d’honneur le 7 août 1864. Le 25 août de la même année il devient adjoint du trésorier du régiment. Il fait valoir son droit à pension pour infirmité et est rayé des contrôles de l’armée le 31 mars 1865.

Il rejoint l’administration des finances et devient percepteur. Il est en poste en 1865 à Saint-Varent dans les Deux-Sèvres. Il est nommé à Bourbon-Lancy en 1868.

A l’automne 1870 il répond à l’appel du gouvernement de la défense nationale qui a décrété la création de la garde nationale mobilisée dans chaque département. Conformément aux dispositions en vigueur il est élu le 31 octobre 1870 commandant du 2° bataillon de la garde nationale mobilisée de l’arrondissement de Charolles. Le canton de Bourbon-Lancy fait partie de bataillon. Il regroupe environ 400 hommes célibataires âgés de 21 à 40 ans.
Le 5 novembre il est nommé lieutenant – colonel, commandant la 3°Légion de la garde nationale mobilisée de l’arrondissement de Charolles. Elle est constituée de trois bataillons et compte près de 2 400 hommes. Les gardes sont regroupés dans un camp d’entraînement établi près de Paray-le-Monial, au lieu-dit Les Vernisses.

La garde nationale mobilisée prend position à la fin du mois de novembre sur une ligne de défense allant de Nolay à Navilly, passant par Chagny et Verdun-sur-le-Doubs. Elle protège la vallée de la Saône et la confluence avec le Doubs. La 3° Légion est positionnée à Seurre et contrôle les environs. A partir de cette période ses chefs vont recevoir des ordres de différentes autorités militaires et civiles, entraînant susceptibilités, dissensions et confusion.

Le 18 décembre, Fornel a ordre de se porter, avec deux bataillons, au secours de la 3ème division du général Crémer engagée dans la bataille de Nuits. Le lendemain, la division se replie de Nuits sur Chagny, tandis que les mobilisés reçoivent l’ordre de se maintenir autour de Verdun-sur-le-Doubs. Le groupe de Fornel est arrêté dans sa progression, avant de se heurter aux troupes prussiennes mieux équipées.
Le 29 décembre les légions de Saône et Loire sont à Dijon. Leur chef, le général Pellissier, devient commandant de toutes les troupes qui y sont cantonnées. Il est chargé de mettre la ville en défense. Le 9 janvier il est nommé commandant de la subdivision territoriale de Côte d’Or et des mobilisés d’autres départements qui y sont envoyés. Il reçoit ses ordres du commandant de la 8° région militaire basé à Lyon et du délégué à la guerre, de Freycinet. A partir du 8 janvier 1871, Giuseppe Garibaldi et son état-major de l’armée des Vosges, s’installent à Dijon. La situation hiérarchique va se complexifier. Garibaldi devient le défenseur de Dijon, Pellissier conserve le commandement des gardes nationaux mobilisés. Le général Bordone, chef d’état-major de l’armée des Vosges, n’a de cesse de récupérer les mobilisés de Saône et Loire. L’opposition entre les deux généraux, conduit au rappel du général Pellissier le 25 janvier 1871. Les légions de Saône et Loire sont rattachées à l’armée des Vosges dès le lendemain. Alexandre Eugène Fornel en devient commandant.

La 3° légion de Fornel est engagée dans la bataille de Dijon, du 21 au 23 janvier 1871.
Le 21 janvier, elle quitte Dijon et se porte sur la route d’Is-sur-Thil. Elle occupe le village d’Ahuy avec un bataillon et se porte à Hauteville avec les deux autres. Des reconnaissances de cavalerie et d’infanterie prussiennes sont repoussées à Hauteville. A minuit trois colonnes ennemies attaquent à leur tour. Après une heure de combat Fornel ordonne la retraite sur Dijon afin d’éviter l’encerclement et l’anéantissement de la légion.

Dans la nuit du 21 au 22 janvier l’ambulance de la 3ème légion, installée dans une maison d’Hauteville a été attaquée par les Prussiens au prétexte que des tirs en seraient partis. Huit personnes ont été tuées dont deux médecins et des infirmiers. Le colonel Fornel a rendu compte de cet « assassinat » qui a fait l’objet d’une enquête auprès de l’Allemagne par l’intermédiaire de la Société française de secours aux blessés.

Extrait du rapport du colonel Fornel
Monsieur le lieutenant-colonel commandant la 3e légion des gardes nationaux mobilisés de Saône-et-Loire proteste, au nom de l'humanité et des droits les plus sacrés de la guerre, contre l'acte inqualifiable de cruauté et de barbarie qui a été commis sur les membres de son ambulance, dans la nuit du 21 au 22 janvier, par les troupes prussiennes qui l'ont attaqué dans le village avec deux de ses bataillons.

Un pareil acte de cruauté n'a pas besoin de commentaires, mais il appelle sur la tête de gens capables de les commettre l'indignation et le mépris de tous les honnêtes gens, et c'est les yeux pleins de larmes, que les officiers et les soldats de la légion ont appris ces tristes détails de la bouche même des malheureux infirmiers qui sont entrés le 22 à Dijon, dans un état déplorable.

L’armée allemande, après sa propre enquête, se réfugia derrière le fait qu’une fusillade eut lieu depuis la maison où était installée l’ambulance et qu’aucun signe ne permettait d’identifier l’ambulance, malgré l’affirmation des témoins français.

Le 23 janvier, elle est envoyée pour occuper la route de Langres en avant du parc de Pouilly où elle découvre que la position était prise par les Prussiens. Là aussi les bataillons se replient sur l’arrière du parc, en raison de la puissance de feu de l’ennemi. Elle y retrouve le 2ème bataillon de la 2ème légion. Elle y soutient un violent combat avec le renfort de la 4ème légion. Une charge héroïque à la baïonnette permet de déloger les Prussiens du parc de Pouilly au prix de nombreuses pertes. 31 gardes mobilisés du canton de Bourbon sont tués.

Le 26 janvier la 3ème légion prend position à Saint - Appolinaire et y reste jusqu’au 31, date de repli sur Chagny. Elle cantonne à Rully et dans les villages proches. Elle est ensuite envoyée à Mâcon où elle séjourne durant le mois de février.

Commentaire du lieutenant – colonel Fornel sur l’effectif de la 3ème légion, le 17 février 1871 :
Sur les 2429 hommes de l’effectif il n’y a que 1545 hommes présents.
Les autres sont disparus, aux hôpitaux ou en congés de convalescence et blessés.

Début mars, elle a pour mission de désarmer des francs – tireurs et de faire régner l’ordre à Chalon-sur-Saône. Elle y est licenciée le 10 mars 1871.

Alexandre Eugène Fornel reprend son poste de percepteur à Bourbon – Lancy après la guerre. Il est promu au grade d’officier de la Légion d’honneur le 11 septembre 1871.
En 1877, il est déplacé à Arlanc dans le Puy-de-Dôme. Il revient à Bourbon en 1882 où il termine sa carrière.

A partir de 1896, il anime un comité pour ériger un monument aux morts cantonal en mémoire des victimes du conflit. Des anciens de la 3ème légion en font partie, Jean – Marie Ferdinand Sarrien, capitaine adjudant major, et Etienne Gravier, lieutenant de compagnie.
Le monument est inauguré le 21 août 1904. De son discours nous retenons les mots suivants qui illustrent la guerre de 1870 :

Rassemblés à la hâte, mal armés, mal vêtus, à peine exercés, les Mobilisés de Saône et Loire étaient dirigés sur le théâtre de la guerre. A Dijon ils tiennent tête à la vieille troupe prussienne. Tous ont fait bravement leur devoir. Beaucoup hélas ne sont pas revenus.

Sources :

Historique du 7ème hussards – Charles Constant Louvat – 1889
Archives du colonel Fornel - Archives départementales de Saône et Loire
Dossier de la Légion d’honneur d’Eugène Alexandre Fornel – base Léonore Archives nationales
Les mobilisés de Saône et Loire en 1870 – général Victor Pellissier – 1878
Archives de l’armée des Vosges – Service historique de la Défense, Vincennes
Société française de secours aux blessés, Rapport de M Théodore Vernes d’Arlandes – 1872
Sophie Victorine Perrault - Fornel, femme de lettre bourbonienne – Michèle Gouthéraut - 2009

 

 

 

 

                                   

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